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    Qu'est ce qui fait une société ?
    Maurice Godelier

    Pour faire une société, ni la parenté ni les liens de production et d’échange de biens ne sont suffisants. Il faut surtout que des croyances religieuses et des rituels qui les mettent en actes viennent légitimer sa souveraineté et assurer sa reproduction.

    Partout dans le monde, les humains vivent au sein d’ensembles sociaux qui leur confèrent une identité globale. En général un ensemble de ce genre est connu par un nom : Athéniens, Spartiates, Français, Turcs, Baruya, Ouzbeks, etc. Quelles que soient leur échelle et leur forme politique (chefferies, tribus, cités, royaumes, Etats-nations), ces entités sociales globales exercent une certaine souveraineté sur un territoire. Quels sont les rapports sociaux (religieux, politiques, économiques) ayant la capacité d’unir en un tout qui les englobe et de conférer une identité globale à un ensemble d’individus qui, de ce fait, forment une société ?

    A cette question, différentes réponses ont été apportées par des philosophes et des scientifiques. Dès l’Antiquité, Aristote (384-322 av. J.-C.) et Confucius (v. 551-v. 479 av. J.-C.) ont, chacun de son côté, affirmé que la famille et les relations de parenté constituaient le fondement des sociétés. Cette thèse est devenue, à la fin du xixe siècle, une théorie scientifique qui paraissait particulièrement correspondre à la nature des sociétés dites « primitives ». Sans Etat, sans castes ni classes, on jugea qu’elles ne pouvaient reposer que sur la parenté : clans, lignages et relations d’alliance.

    Pour Karl Marx et ceux qui le suivent, en revanche, ce sont les rapports sociaux et matériels de production et la redistribution au sein d’une société des conditions matérielles d’existence qui sont à la source des autres rapports sociaux, politiques, religieux, et même de la parenté.

    Une société fondée sur la parenté ?

    Divers modes de production, esclavagiste, féodal, capitaliste, seraient les bases sur lesquelles s’édifieraient diverses sortes de superstructures attachées à ces bases par des lois de correspondance structurale. Pour les économistes classiques, l’économie capitaliste serait capable, à condition que l’on débarrasse les sociétés de toutes les institutions et coutumes qui entravent le libre jeu du marché, de répartir de façon optimale les biens et services et d’assurer ainsi un développement harmonieux et durable des sociétés.

    Que valent ces propositions ? Pour les soumettre à l’examen, je les confronterai à mon expérience d’anthropologue. Durant sept ans, j’ai visité et étudié les Baruya, qui vivent dans les montagnes de la Nouvelle-Guinée. J’y arrivais en 1966, quelques années après les premiers contacts avec les Blancs, et je constatai qu’on ne trouvait chez eux ni castes, ni classes sociales, mais seulement des clans et des lignages qui partageaient le territoire de la tribu. J’en conclus alors que j’avais affaire évidemment à une société fondée sur la parenté. Mais peu à peu j’allais buter sur un ensemble de faits contraires à cette évidence. D’abord le fait que la société des Baruya n’existait pas deux siècles auparavant : elle s’était formée sans doute vers la fin du xviiie siècle. Sur les quinze clans conformant la tribu Baruya, huit descendaient de clans qui, plusieurs siècles auparavant appartenaient à une autre tribu, les Yoyué, vivant à plusieurs jours de distance. A la suite d’un conflit violent au sein des Yoyué, une partie des membres de ces huit clans fut massacrée et les rescapés trouvèrent refuge chez les Andjé, une autre tribu, dont l’un des clans, les Ndélié, leur accorda sa protection et leur attribua des terres. Au bout de quelques générations, les descendants des réfugiés se concertèrent avec leurs hôtes, les Ndélié, pour attaquer les autres clans Andjé. Les Andjé s’enfuirent, abandonnant une partie de leur territoire à leurs agresseurs. C’est alors qu’une nouvelle société vit le jour, réunissant les huit clans Yoyué, les Ndélié et, plus tard, six autres clans autochtones soumis ou ralliés à leur cause. La tribu se donna un « grand nom », celui de Baruya, du nom d’un des clans des réfugiés qui possédait des objets et des formules rituels destinés à initier les hommes, à en faire des guerriers aptes à gouverner leur société.

    Un réseau de liens de dépendance réciproques.

    Quel fut le rôle de la parenté dans la formation et la reproduction des liens unissant cette nouvelle tribu ? Chez les Baruya, le principe de descendance est patrilinéaire. Tous ceux, hommes et femmes, qui descendent par les hommes d’un même ancêtre fondateur appartiennent à un même clan et selon la position de leurs ancêtres, aînés ou cadets, ils forment des lignages différents. Ceux-ci comprennent plusieurs familles. Ni les familles, ni les lignages, ni les clans ne s’autoreproduisent : les mariages se font avec d’autres familles, appartenant à d’autres clans. Ce principe est complété par un autre dont l’application pourrait a priori sembler être capable de lier tous les clans entre eux. C’est l’interdiction pour deux frères de se marier dans le même clan, ainsi que d’épouser une femme du lignage du clan dont est issue leur mère, bref de reproduire l’alliance qu’avait faite leur père. Du fait de ces principes, chaque lignage est poussé à multiplier et diversifier ses alliances. Celles-ci sont la raison d’être de multiples échanges réciproques de biens et de services entre les lignages alliés, échanges qui se poursuivent pendant plusieurs générations. On pourrait donc penser que ce réseau de liens de dépendance réciproques suffit à faire exister les Baruya comme un tout social.

    Or ce n’est pas le cas pour deux raisons. D’une part, à aucun moment de son existence, un lignage Baruya n’est allié à tous les autres mais seulement à un nombre limité d’entre eux, et ceci même si l’on additionne toutes les alliances qu’il a nouées sur plusieurs générations. De sorte que les rapports de parenté, de consanguinité et d’alliance, ne constituent pas pour les Baruya une base commune, liant entre eux tous les clans et toutes les familles. Comme d’autre part, pour des raisons politiques ou économiques, les Baruya échangent de temps en temps des femmes avec des tribus voisines et amies, leurs liens de parenté débordent les frontières de leur société. Exit donc la famille et les rapports de parenté comme fondement de la société baruya. Voyons maintenant ce qu’il en est de l’économie des Baruya. Familles, lignages et clans possèdent en commun des fractions de territoire où ils cultivent des jardins et chassent. Avant l’arrivée des Européens, chaque lignage produisait la plus grande partie des ressources nécessaires à son existence sociale, par ses propres forces et avec l’aide de ses alliés. Par ailleurs, les Baruya étaient réputés dans la région pour leur production de barres de sel qu’ils échangeaient avec un certain nombre de tribus plus ou moins proches contre des outils de pierre, des armes, des parures de plume, bref, des moyens de production ou de destruction, mais aussi des moyens de reproduction sociale (les parures rituelles). A l’intérieur de la tribu, le sel circulait sous forme de dons. A l’extérieur, il circulait comme une marchandise faisant en même temps office de monnaie. L’économie des Baruya n’était donc pas autarcique et s’insérait dans un réseau régional comprenant une dizaine de tribus. Des rapports entre global et local existaient là comme partout mais n’avaient évidemment pas la même échelle que ceux qui règnent aujourd’hui dans un monde à l’économie « globalisée ». On voit donc que les rapports sociaux qui permettaient aux Baruya de produire leurs conditions matérielles d’existence ne les rendaient pas tous interdépendants. Chaque lignage, nous l’avons vu, coopérait avec quelques autres. Les activités économiques créaient donc une dépendance limitée entre ces lignages associés, mais celle-ci ne pouvait jamais s’étendre à la société tout entière et de plus cette dépendance existait aussi vers l’extérieur. On peut en conclure que, pas plus que les rapports de parenté, les rapports économiques entre les Baruya n’étaient capables de les lier en un seul grand tout.

    Sur quelles bases les Baruya ont-ils donc formé une société ? Pour répondre à cette question, il faut évoquer plusieurs faits. D’abord, tous les trois ou quatre ans, tous les lignages et tous les villages se mobilisaient pendant plusieurs mois pour produire tout ce qui était matériellement nécessaire à l’initiation des garçons et recevoir dignement les centaines de visiteurs des tribus voisines, amies ou ennemies. A la différence du surplus de sel échangé par chaque lignage pour satisfaire ses besoins, ce surplus de travail et de produits était, lui, destiné à reproduire la tribu dans son ensemble, toute guerre cessante.

    Le rôle de la « grande maison ».

    L’initiation masculine avait pour objectif de fabriquer des guerriers et des chamanes, capables de défendre la société baruya contre les forces qui la menacent, tribus voisines ou puissances spirituelles hostiles. Celle des filles, d’en faire des femmes dures au travail et des mères fécondes. Ces initiations gouvernaient des rapports sociaux qu’en Occident, aujourd’hui, on appelle politico-religieux. Ils légitimaient la place dominante des hommes et le monopole qu’ils exerçaient sur le commerce avec les dieux et les esprits de la nature. Leur symbole est la Tsimia, la grande maison où se tiennent les rites, à l’abri du regard des femmes et sous la protection du Soleil considéré comme le « Père » de tous les Baruya. La Tsimia est appelée le « corps » de la tribu dont chaque poteau représente un jeune initié. Le maître des cérémonies appartient au clan des Baruya, celui qui a donné son nom à la tribu tout entière. Ce clan détient les objets sacrés et les formules reçues du Soleil par leur ancêtre mythique, et qui permettent d’initier les guerriers. Par contre les maîtres des initiations ne vont pas combattre sur le champ de la bataille, car leur savoir est si précieux que s’ils mourraient sans avoir transmis ce savoir, la tribu serait condamnée à disparaître. L’unité de la société baruya repose donc sur le partage d’un ensemble de représentations religieuses et sur l’organisation du pouvoir qui en découle. Comme dans la plupart des sociétés, c’est un noyau de « représentations imaginaires » qui soutient les rapports politiques garantissant son unité. Et ces représentations imaginaires, produits de la pensée, sont transformées en réalités visibles, concrètes et donc socialement efficaces par les pratiques symboliques qui témoignent à la fois de leur existence et de leur vérité, c’est-à-dire par les rites des initiations masculines et féminines auxquelles tous et toutes participent mais aussi par les initiations périodiques des chamanes qui ne concernent qu’un petit nombre d’individus, hommes et femmes.

    L’exemple des Baruya est d’autant plus démonstratif qu’ils parlent la même langue, ont la même organisation sociale et honorent les mêmes dieux que les tribus voisines, les Wantekia ou les Yuwarrounatché. Parler la même langue, suivre les mêmes traditions, avoir la même culture ne suffisent donc pas à faire une société. Les exemples de cet état de choses sont nombreux dans le monde, à commencer, en Europe, par la Tchéquie et la Slovaquie.

    Ceci permet de saisir la différence entre une « communauté » et une « société ». Un exemple permet de montrer clairement ce qui les distingue. C’est celui de la différence qui existe entre les Juifs de la diaspora et les Juifs qui vivent en Israël. Les Juifs qui vivent à Londres, à New York, à Paris ou à Amsterdam forment des communautés au sein de ces différentes sociétés et de ces Etats, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France, les Pays-Bas, etc. On pourrait allonger la liste en mentionnant les Juifs d’Argentine, du Maroc, etc. Ces communautés juives ne constituent pas des « sociétés ». Elles coexistent avec d’autres communautés, turques, arméniennes, ukrainiennes ou autres au sein de sociétés différentes qui, à chaque fois, les englobent toutes et les soumettent au respect de leurs lois et de leur constitution, leur attribuant ou leur refusant les mêmes droits et les mêmes devoirs qu’aux membres de la société qui représentent le groupe dominant au sein de l’Etat, les Grecs orthodoxes en Grèce, les Polonais catholiques en Pologne. En revanche, les Juifs de la diaspora qui ont quitté ces pays pour aller vivre en Israël ont fait naître au Proche-Orient une société nouvelle possédant un Etat et un territoire. C’est ce que revendiquent également pour eux-mêmes les Palestiniens : un territoire et un Etat.

    Citoyens sans l’avoir demandé ni voulu.

    Cela nous éclaire également sur ce que signifie pour une société le fait d’être « colonisée ». C’est d’abord perdre sa souveraineté territoriale, et par voie de conséquence perdre son autonomie de développement économique, social et culturel. C’est ainsi que les Baruya ont perdu brutalement leur souveraineté territoriale lorsque, en 1960, une expédition militaire australienne les a « découverts » et leur a imposé la « paix blanche ». Dès lors, ils ont dû respecter les lois d’un Etat colonial dont ils ignoraient jusqu’alors l’existence. A partir de ce jour, leur culture a été subordonnée aux interventions du pouvoir anglais, puis australien. Leur religion et leurs rites ont été soumis à la critique de missionnaires européens ou américains venus de très loin les convertir au christianisme, la seule « vraie » religion.

    En décembre 1975 la Papouasie-Nouvelle-Guinée est devenue indépendante, mais les Baruya n’ont pas récupéré pour autant leur ancienne souveraineté sur leur territoire. Devenus, sans l’avoir demandé ni voulu, citoyens à la fois d’un Etat indépendant et d’une nation en formation, ils ont certes acquis de nouveaux droits et de nouveaux devoirs mais n’ont pas récupéré le droit de se faire justice eux-mêmes, d’attaquer leurs voisins et de s’emparer de leur territoire. Leur société n’a cependant pas disparu et sa population s’est même accrue, mais de société autonome qu’elle était avant l’arrivée des Européens, elle s’est transformée finalement en un « groupe tribal local » faisant partie d’un vaste groupe « ethnique », les Anga, figurant sur la liste du recensement des centaines de groupes linguistiques et ethniques existant en Papouasie-Nouvelle-Guinée. En perdant à jamais leur souveraineté sur leurs montagnes et leurs rivières mais aussi sur leurs propres personnes, les Baruya ont cessé d’être une société. Leur tribu s’est transformée en une « communauté tribale » locale soumise au pouvoir d’un Etat, une institution totalement étrangère à leur histoire et à leurs façons de penser et d’agir. Cet Etat était d’ailleurs né après la Première Guerre mondiale, de la réunion sous une seule autorité, celle de l’Australie, de deux colonies européennes, anglaise et allemande, la « British Papua » au sud, et la « Neue Guinea » au nord.

    Ni une communauté, ni une ethnie ne sont donc des sociétés, au sens où leur manque le fait d’exercer une véritable souveraineté politique. Il s’ensuit qu’il nous faut préciser notre thèse pour prévenir les contresens. Si les religions reposent sur des croyances, ces croyances à elles seules ne suffisent pas à fonder une société. A l’intérieur du politico-religieux, ce ne sont pas les rapports entre les hommes et les dieux qui ont en tant que tels la capacité d’imposer un ordre politique. Un territoire doit être conquis par la force des armes ou hérité d’ancêtres. Ses frontières doivent être connues sinon reconnues des sociétés voisines qui occupent et exploitent des espaces proches. Dans tous les cas un territoire doit être défendu par la force : force des armes, mais aussi celle des puissances invisibles que les rites qui préparent une guerre ou l’accompagnent sollicitent pour affaiblir les ennemis et soutenir les guerriers. C’est donc seulement quand certains éléments d’une religion sont mobilisés, utilisés pour établir et maintenir la souveraineté d’un ensemble de groupes sur un territoire et ses ressources que se trouve vérifiée l’hypothèse que les rapports politico-religieux ont capacité de fabriquer une société. On remarquera que le partage des mêmes croyances relevant des religions universelles, comme le christianisme, l’islam, le bouddhisme, n’empêche pas les sociétés ou les Etats qui partagent la même confession de se faire la guerre. L’histoire de l’Europe est pleine de guerres féroces entre des royaumes ou des Etats chrétiens qui, chacun à sa manière, s’est appuyé sur la même foi pour défendre son indépendance, imposer sa domination ou simplement affirmer sa légitimité.

    source : Sciences Humaines


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    cult

     

    Qu’est ce que la culture ?

    La culture est le processus de construction intellectuelle et morale de l’être humain qui permet à celui-ci l’approfondissement en lui de la nature humaine. On n’atteint à la pleine humanité que quand on s’est cultivé. La comparaison s’impose avec la culture des plantes, qui permet d’obtenir de beaux sujets aptes à grandir et s’épanouir pleinement. Continuatrice de la paideia des Grecs et de la cultura animi des Romains, la culture est une pédagogie de l’âme qui non seulement instruit mais encore forme le jugement et la sensibilité. La culture emporte l’idée de la formation du savoir, de l’élévation de l’esprit, de son ouverture au monde, du soin de l’âme.

    La culture est l’action par laquelle un individu acquiert une formation intellectuelle, esthétique et morale. La culture, c’est aussi le contenu de cette formation, c’est-à-dire la solidité intellectuelle, le discernement artistique et la noblesse de l’esprit de l’individu pleinement cultivé. La culture, c’est enfin l’ensemble des productions d’une civilisation dans le triple domaine intellectuel, artistique et éthique, précieux capital sur lequel repose la possibilité des individus d’enrichir et d’élever leur esprit, leur possibilité de se cultiver.

    Telle est la culture, et force est de dire qu’elle se trouve en danger de mort dans les sociétés occidentales actuelles, car sa transmission y est depuis quelques décennies très largement paralysée et même rejetée. Stigmatisée du nom de culture « bourgeoise » par le sociologisme marxisant de Pierre Bourdieu et le gauchisme de mai 1968 qui ont voulu n’y voir qu’un instrument d’oppression sociale, la culture est tout autant méprisée et détestée par la droite moderniste au prétexte qu’elle serait poussiéreuse, obsolète, et donc inutile voire nuisible pour des esprits que doit seul guider le projet d’un accomplissement technique, économique et financier. L’idéologie de la gauche égalitariste et l’idéologie purement matérialiste de la droite technocratique et affairiste aboutissent au même rejet de la culture. L’action conjuguée de ces deux idéologies a eu pour résultat de chasser très largement de l’école, voire de l’université, la transmission du savoir. Celle-ci a été brisée par les doctrines pédagogistes, qui refusent le rôle classique du maître enseignant à l’élève le savoir dont il est porteur, et affirment contre l’évidence que l’élève doit être le seul maître de sa propre formation, et que dès lors il s’agit simplement de l’accompagner afin de lui permettre de déterminer sa propre façon d’apprendre à apprendre. N’étant en réalité que l’instrument de l’idéologie égalitariste qui exige le même parcours scolaire pour tous – tous bacheliers ! tous licenciés ! -, ce sophisme a largement détruit l’apprentissage scolaire, et en conséquence la promotion sociale par l’école. Fuyant la réalité de l’inégalité des enfants devant l’apprentissage des savoirs et des modes de pensée et d’expression nécessaires à la culture, l’idéologie égalitariste a fait largement triompher son programme d’uniformisation des cursus et des résultats scolaires. Pour parvenir à ce résultat, l’école a dû largement cesser d’enseigner, de sorte que nul, ou presque, n’en sort plus réellement cultivé.

    Du fait de cette destruction des mécanismes de transmission de la culture de génération en génération, l’élite très cultivée ne se renouvelle plus, si bien qu’elle est en voie d’extinction, cependant que l’ensemble de la population se trouve maintenue en marge de la culture par la drogue du divertissement visuel et sonore. Car la masse de nos contemporains s’est détournée tout naturellement de la culture, dans la mesure où elle a cessé de lire sinon pour des motifs utilitaires, et où elle ne cherche plus sa distraction que dans le divertissement de masse que lui fournit ad libitum la technique moderne. Et le phénomène concerne d’ailleurs au premier chef les enfants et adolescents, rendant encore plus difficile et ingrate la tâche de ceux parmi les enseignants qui s’obstinent malgré tout à essayer de continuer à enseigner, à transmettre un savoir et des méthodes de raisonnement. Alors que la société n’a cessé de prolonger la durée des études de ses enfants, le divertissement de masse visuel et sonore a constitué une anti-école, rendant une grande partie de la population scolaire inapte à l’apprentissage par le livre, la pensée logique, le discours construit, sans lequel aucune culture n’est possible.

    Comme je l’avais démontré dans Culture et contre-cultures, et comme Renaud Camus l’a récemment redémontré sans jamais me citer dans La grande déculturation, l’inculture règne souverainement sur les sociétés occidentales actuelles. La culture, du fait de sa dimension aristocratique et des efforts que requiert son acquisition, n’est plus du tout un modèle socialement valorisé. La plupart de nos contemporains sont devenus incapables de se distraire en lisant de beaux textes, ils ne sont plus guère aptes à le faire qu’au moyen des images produites par la technique : télévision, vidéo, etc. Cela concerne presque toute la société, y compris les prétendues élites constituant les classes dirigeantes. Généralement incultes, les puissants de l’argent et du pouvoir n’éprouvent le plus souvent pour la culture qu’indifférence et mépris. Nos gouvernants ne lisent presque plus les grands auteurs, et il n’y a plus de bibliothèque dans les demeures luxueuses et dans les yachts somptueux des nouvelles générations de milliardaires.

    Pour autant, le fait que bon nombre de grands financiers, hommes d’affaires et autres personnalités en vue soient incultes n’est en soi ni grave ni nouveau. L’inculture d’individus d’origine modeste ayant constitué en peu d’années une immense fortune est une constante de l’histoire. Autrefois, la civilisation n’en souffrait pas, car les nouveaux riches du passé étaient guidés par des modèles sociaux supérieurs, dont les choix artistiques raffinés leur servaient de référence et de modèle. Sous l’Ancien Régime, pour imiter la royauté et la haute aristocratie, les enrichis de frais achetaient tout naturellement des chefs-d’œuvre de Largillière, Watteau, Nattier, Boucher, Fragonard, etc. Le snobisme fonctionnait de matière positive : l’art et la civilisation bénéficiaient grandement de l’argent répandu par les snobs qui voulaient imiter les grands seigneurs. Au contraire, aujourd’hui, un milliardaire issu du peuple est privé de l’appui de tels modèles supérieurs et donc livré à lui-même, ou – ce qui est pire – aux avis de conseillers en collection. Si bien qu’il est en grand danger de tomber dans le piège de la vaste mystification connue sous le nom si impropre d’art contemporain. En croyant de bonne foi que c’est de l’art, le milliardaire sans culture achète très cher des choses sans aucun caractère artistique et sans aucun intérêt. Il est très heureux et très fier de lui, s’imaginant sincèrement être un immense collectionneur au goût très sûr et l’un des plus grand mécène de notre temps. Et ce modèle fait école dans une grande partie du monde de l’argent, où l’inculture est devenue la norme. Tournant le dos aux objets anciens, les golden boys affirment leur réussite sociale en achetant les impostures du prétendu art contemporain et sont très fiers de pouvoir accrocher une sérigraphie signée Warhol dans leur salon. Les choix des milliardaires incultes se répercutent dans la société, où ils engendrent un néant artistique. Le snobisme fonctionne désormais sur un mode négatif, au détriment de l’art et de la civilisation. C’est que notre époque ne possède plus, pour guider ses nouveaux riches, de modèle social supérieur hautement cultivé, associant l’indispensable argent à un goût et à une connaissance de l’art, de l’histoire, de la littérature.

    Ce qui est nouveau et grave aujourd’hui, c’est que l’ensemble des classes supérieures soit en règle générale inculte, baignant dans la plus satisfaite ignorance de tout ce qui n’est pas un savoir technique permettant de gagner de l’argent. Le phénomène est aujourd’hui spectaculaire, mais ses origines sont relativement anciennes. Déjà, en 1940, Marc Bloch observait dans L’étrange défaite que la fin du statut de rentiers des membres des classes supérieures, désormais contraints de « peiner durement à leur bureau », leur avait ôté « le goût des études sérieuses ». Cela leur a aussi ôté le désir, et même la possibilité, d’acquérir une culture et de former leur goût artistique. Avec la fin des rentes du capital, les très riches doivent travailler beaucoup pour le devenir et pour le rester. Même les milliardaires doivent travailler. Les membres des classes supérieures ne peuvent généralement plus consacrer leur temps à la culture. En dehors de leurs affaires, la plupart ne lisent pratiquement plus. Toute leur énergie mentale est mangée, ce qui fait d’eux des incultes satisfaits et triomphants.

    C’est très logiquement, donc, qu’a été prise la décision de chasser la culture des concours de la fonction publique. L’égalitarisme obsessionnel qui nous gouverne depuis plusieurs décennies, indifféremment de la couleur politique des gouvernements, juge aujourd’hui discriminatoire d’exiger des candidats à la fonction publique des connaissances en matière d’histoire et de civilisation. Pour faire avaler la pilule, on a jeté au public en pâture quelques exemples effectivement risibles de dérives de certains jurys dans la manière de concevoir la culture. Mais, en bannissant purement et simplement la culture des concours au prétexte de quelques fautes de jugement qu’il eût été aisé de prévenir par une simple circulaire, on jette le bébé avec l’eau du bain. On immole la culture à l’hystérie égalitariste, et on prépare ainsi le sabordage de la France. Car la culture repose sur la mémoire ; et la mémoire d’une civilisation, c’est son histoire. On aurait pu espérer que la droite serait enfin attentive à la transmission de la culture. Mais, plus que jamais, la droite ne s’intéresse qu’à la seule économie. Celle-ci est indispensable, mais la culture aussi. Or le président de la République n’en a aucunement conscience, lui qui méprise La princesse de Clèves, laquelle a tout de même reçu ses lettres de modernité pour avoir inspiré un film à Cocteau. Mais, même Cocteau, quelle ringardise ! C’est oublier qu’aucun groupe humain ne peut survivre durablement à la répudiation de son histoire et de sa civilisation. Aucun groupe humain ne peut faire durablement le choix d’un tel rejet de la culture.

    Plus que jamais, nous avons besoin de la culture, qui nous apporte tout le sens dont était riche le monde ancien et qui a si largement disparu du monde actuel. La culture permet de jeter un regard lucide sur tout ce qui est négatif dans le monde présent, et d’en faire abstraction pour retrouver grâce à un contact direct avec les grands créateurs du passé l’accès à la pleine humanité dans le monde des livres et de l’art. Ainsi que l’observait si lucidement le grand économiste Jean Fourastié dans Faillite de l’université ?, la culture, héritage du passé, est l’expression savante des « valeurs qui ont fait durer l’humanité », des valeurs du très long terme.

    Dans De la démocratie en Amérique, Tocqueville avait montré que, dans les sociétés démocratiques, la capacité de penser de manière vraiment libre se trouve gravement menacée par « la pression immense de l’esprit de tous sur l’intelligence de chacun ». Or la culture est un merveilleux antidote contre cette dictature invisible exercée par la masse sur l’individu. Renouer avec la tradition quasi perdue de la cultura animi, de la culture par chacun de son esprit et de son âme, est la plus authentique démarche de liberté qui puisse se concevoir. C’est la manière la plus efficace d’échapper au despotisme feutré mais bien réel de l’opinion qui caractérise au plus haut point les sociétés occidentales.

    * Professeur à l’Université de Paris II, Jean-Louis Harouel est notamment auteur de Culture et contre-cultures (PUF) et de La grande falsification. L’art contemporain (J.-C. Godefroy).

    Source : Veille Education

     


  • MCDSelon Edward Burnett Tylor, la culture est « un tout complexe qui englobe les connaissances, les croyances, l’art, la morale, la loi, la tradition et toutes autres dispositions et habitudes acquises par l’homme en tant que membre d’une société » (Primitive Culture, 1871).

    Simplifions : à chaque société une culture et vice versa.

    Culture particulière et société seraient-elles enfermées dans un tête-à-tête solitaire et transparent. Si oui, comment expliquer la coexistence d’expressions comme société wolof, bambara, haussa, etc. ; au regard d’autres expressions comme société sénégalaise, malienne, nigériane, etc. ? Si non, il faut piocher.

    Par exemple en prenant le problème à revers, à partir d’un point de vue global (systémique). Posons qu’il existe une culture humaine globale, laquelle fonde une notion comme « crime contre l’humanité ». Chaque culture particulière pourrait alors se définir comme l’usage spécifique qu’une société, en fonction de facteurs très complexes, fait de la culture humaine globale, laquelle peut se concevoir comme l’univers global de sens, la matrice des sens sociaux particuliers (= cultures particulières).

    L’univers global de sens est composé d’un nombre théoriquement fini de sous-ensembles, qu’il est cependant impossible de déterminer en pratique, les humains ayant la fâcheuse manie de multiplier à l’infini les points de vue à l’intérieur de l’univers global de sens. Ainsi, pourrait se comprendre l’existence de paradigmes aussi nombreux et aussi différents que les notions de culture chrétienne, musulmane, arabe, prolétarienne, occidentale, africaine, républicaine, politique, wolof, bambara, haussa, togolaise, sénégalaise, malienne, nigériane, etc.

    Finalement qu’est-ce qui fait l’unité du concept de culture ?

    Le mythe, dans une large mesure, sommes-nous tenté de dire, y compris dans les sociétés les plus développées technologiquement (1). Les humains et leurs mythes ne font qu’une seule et même chose : on ne peut imaginer un mythe sans une société particulière, ni une société inventant ce mythe. Il s’ensuit que les sociétés vivent de leurs mythes.

    Ainsi, le Pape avait souhaité la mention de l’origine chrétienne de Union européenne, mais les Européens ont préféré s’en tenir à leur mythologie : fusée Ariane, Europe, jeux olympiques, etc. ; en république islamique d’Iran aussi, la principale fête, nowrouz (nouvel an), n’est pas musulmane, mais d’origine zoroastrienne ; l’équipe nationale d’Egypte, malgré Al Azhar et les Frères musulmans, s’appelle les Pharaons, et on peut pas y couper ; pour leur défense contre l’ennemi, les Lébous du Sénégal et les Japonais attribuent le même rôle providentiel, respectivement à Mame Diaré et aux Kamikazes (vents providentiels, 13e siècle). Mais pendant la deuxième guerre mondiale, ces vents ont unilatéralement rompu le contrat de défense, les Japonais ont politiquement récupéré le mythe du kamikaze et l’ont socialisé sous la modalité de l’éthique samouraï. Le tout a été utilisé sous la forme d’avions bourrés de bombes qui frappaient avec la force et l’efficacité des vents providentiels. De même, les ouest africains ont fondé l’empire du Mali grâce à la mise en œuvre politique du mythe de Sanènè et Kòntròn, socialisé au moyen de l’éthique du donso (chasseur).

    Ces exemples tendent à asseoir l’idée que dans l’entier de la culture, l’éthique, qui semble transversale aux cultures particulières dans une large mesure, joue le rôle de convertisseur des utopies en réalités, des idées en forces matérielles. Ainsi pourrait s’expliquer l’intercompréhension minimale existant entre tous les humains, malgré la diversité des langues, des connaissances, des croyances…

    Les cultures particulières, selon des lois et des facteurs fort complexes, forment un système dont les éléments entretiennent, directement (aires culturelles contigües) ou par médiation, des relations de types divers (alliance, contradiction, influence…) qui déterminent la perception que nous avons de chaque culture particulière à une époque historique donnée, les cultures étant en perpétuelle changement. Mais si tout le monde perçoit – à des degrés divers - les bonds qualitatifs, il en va autrement des petits sauts quantitatifs dont l’accumulation est la condition de possibilité des bonds. La relation est dialectique : l’univers global de sens (culture humaine) duquel procèdent les cultures particulières est lui-même le produit de l’interaction entre celles-ci.

    L’influence d’une culture particulière peut augmenter (la preuve par l'Inde et la Chine), ou diminuer (la preuve par la Grèce et l'Egypte).

    Le mythe, qui n’est pas rien dans à cette dynamique, est un réservoir inépuisable de solutions pratiques. Le problème de l’Afrique noire, c'est qu’une peur atavique l’empêche de s’affirmer en transformant ses mythes et ses traditions en sources de solutions pratiques pour ses propres besoins, comme l’Europe, le Japon, etc. A la différence des autres en effet, nous réduisons nos mythes à des choses honteuses, ou plus souvent à des mystères stériles desquels nous tentons de tirer des techniques, les pratiques magiques, occultes ou autres, et avons la faiblesse de croire béatement à leur l’infaillibilité malgré un sort de plus en plus cruel.

    On évoquera l’absence d’unité des mythes africains. Qu’il suffise de citer un seul exemple parmi d’autres pour donner une idée de la faiblesse de ce point de vue. « Mami Wata (ou Mamy Wata ou encore Mami Watta) est une divinité aquatique dont le culte est répandu en Afrique de l'Ouest, du centre et du Sud, dans la diaspora africaine, la Caraïbe, et dans certaines régions d'Amérique du Nord et du Sud. » (Wikipédia). Au risque de blesser la foi de certains (ce n’est pas l’intention), il faut dire qu’un nombre impressionnant d’Africains pratiquent des éléments de ce culte, notamment en versant de l’eau sur le seuil des portes au réveil.

    Notre problème, c'est notre peur d'être nous-mêmes, naturellement. Or, un peuple peut se développer avec des techniques empruntées (Japon), mais plus difficilement avec des référentiels importés (Afrique) qu’on passe sa vie à décrypter parce qu’il nous est difficile voire impossible de les intégrer, de les digérer pour en faire une substance nutritive assimilable par le corps social.

    Mamadou Diakité


  • Notre culture est imprégnée d’éléments mythologiques :

    MPC


    En voiture : La Toyota Cressida, l’Acura Legend ou la Toyota Avalon, la Cadillac El Dorado ou encore la Honda Odyssey. Les gens aiment voyager dans des voitures mythiques qui donnent un air puissant et important.

    Les bijoux et amulettes : Qui n’a jamais voulu avoir un pendentif représentant l’œil d’Osiris ou croix ansée (croix égyptienne, voir photo si dessus), symboles de la mythologie égyptienne,  même si on ne pratique pas cette religion ? Comme les voitures, notre société aime s’entourer de symboles sacrés qu’il voit comme protecteur. Il en va de même pour les attrapes cauchemars de la civilisation indienne, comme sont nom l’indique cet instrument laisse passer les rêves et  attrape les cauchemars durant la nuit, au matin à la vu du soleil ces derniers sont détruisent.

    Le ciel : Beaucoup de dieux grecs et romains vivaient dans le ciel .Les Hommes se mirent à les chercher et les retrouvèrent dans les étoiles. Même les scientifiques et les astronomes (homme de sciences et donc rationnels) voient des mythes dans l’espace : Pégase le cheval ailé, le centaure, Orion, etc. Les planètes du système solaire reçurent des noms de dieux grecs et romains : Mercure, le messager, Vénus déesse de l’amour, Mars dieu de la guerre, etc. Les fusées et satellites de la NASA porte toujours des noms mythologiques. Les étoiles ne tiennent pas toutes leur nom de la mythologie grecque. Les Pléiades, qui pour les grecs  représentent les  7 filles d’Atlas, servirent de model aux égyptiens pour construire les 7 chambres mortuaires de la grande pyramide de Gizeh. Les indiens appelaient les Pléiades "les six frères" et les polynésiens les appellent "Mata-riki" qui signifie les "petits yeux".

    Les  Arts : Dans l’Antiquité l’art servait principalement à représenté des scènes religieuses et des mythes (notons que les religions ont besoin de reposer sur des mythes). Même aujourd’hui les mythes sont toujours présents dans les travaux artistiques et littéraires. Pour beaucoup l’art est un moyen d’expression permettant de dénoncer un fait social mais aussi de rêver. Michel-Ange dessina une scène mythologique sur le plafond de la chapelle Sixtine, cette peinture est une des plus célèbres du monde et propulsa l’artiste au rang de peintre mondial.

    La littérature : Le premier livre parlant de mythe fut bien sur l’Odyssée d’Homère, William Shakespeare s’est lui aussi inspiré des mythes pour écrire ses pièces. En littérature les mythes fournissent, de nos jours, un bon fondement pour écrire des livres. Les plus grands best-sellers sont pour la plupart inspiré de mythes : Harry Potter avec le mythe du sorcier, mais aussi du serpent géant, du loup garou, de la résurrection, etc. Twilight où l’on retrouve le mythe du vampire, du loup garou. Eragon avec le mythe de la magie et des dragons

    La musique : Les mythes inspirèrent de grands musiciens tels que Lulli, Rameau, Gluck…Le plus célèbre d’entre fut Richard Wagner qui créa L’anneau de Nibelung. Ils servirent aussi à écrire des opéras inspirés des mythes comme Thésée, Ariane, Electre…

    Les livres pour enfants : Les livres pour enfants sont souvent des parodies de mythes : le petit lapin perdu qui retrouve, après un long voyage, est une parodie indiscutable du voyage d’Ulysse qui pour retourner chez lui ,après la bataille de Troie, va devoir faire face à de nombreux obstacles.

    Les films : On retrouve beaucoup de mythes dans les films, notamment les films fantastiques ou merveilleux. Les mythes jouent un rôle important au cinéma : Les gens ne sont pas intéressés par une vérité expliquée par langage scientifique. La vérité transmise à travers des histoires symboliques attire beaucoup plus les personnes. Exemple de La guerre des étoiles (le 1er film), un film très mythologique puisque qu’il a été inspiré par plusieurs mythes .L’histoire d’un jeune fermier quittant sa famille pour se lancé dans une grande aventure.

    Notre civilisation possède une culture basée sur les mythes, présents dans les publicités, les livres, aux cinémas, etc.…Ils sont là principalement pour faire rêver et donner un coté irrationnel à notre existence(les gens s’a chètent des amulettes bien qu’étant surs qu’elle ne les protègera pas des maladies ou du malheur). Dans l’antiquité les mythes expliquaient les phénomènes inconnus aux Hommes (tremblement de terres par exemple). Mais même de nos jours ou le rationalisme et la science ont fait évolué les connaissances de ses phénomène, les mythes sont toujours là. On préfère toujours les mythes aux explications rationnels, pourquoi ? Il suffit juste de se poser cette question :

    Vous préférez faire des maths ou lire un livre fantastique ? Beaucoup préfèreront lire que de pratiquer des maths où un seul résultat sera bon et les autres forcément mauvais.

    Source : La Graal, les mythes, aujourd'hui ...


  •  SOCIÉTÉ ET PAROLE :

     

     « L’homme ne naît pas social, il le devient »

     

    socPresque tous les comportements de l'Homme sont façonnés par l’environnement social, même ceux qui répondent aux besoins physiologiques quotidiens. Nous savons tous que la société est un ensemble d'individus, et l'identité de chacun d'eux est déterminée par ses relations avec les autres. Cependant, l'homme n'est pas uniquement le résultat de la société, il l'est aussi de la nature. L'opposition entre nature et culture s'est transformée avec le temps et est devenue une opposition entre inné et acquis, cela a toujours suscité l'intérêt des philosophes ; Platon qualifiait l'homme comme « un animal social », Manent le voyait plutôt comme « un être de culture ».

     Ce qui est inné se définit par « l’ensemble des dispositions que l’homme possède à la naissance et qu’il n’a pas appris par la culture ». Quant à ce qui est acquis, c'est plutôt « tout ce que la société transmet à l’individu au cours de son existence », autrement dit « les transformations intervenues après la naissance, les apprentissages par l'éducation et tout ce qui est de l'ordre de la culture ». 

     Il est vrai qu'une partie des comportements humains est innée, comme la faim et le sommeil, ce sont tous les deux des besoins biologiques et naturels. Mais la majeure partie de nos manières d'agir et de penser est le résultat d'un apprentissage social qui s'effectue tout au long de la vie de l'individu. Denys Cuche avançait même que « Rien ne serait purement naturel chez l'homme » ; tout comportement inné serait donc influencé par la culture, et cette influence varie selon les sociétés. L'homme est donc une créature en perpétuelle socialisation.

     La socialisation est un apprentissage des comportements, des valeurs et des normes sociales. Elle est un processus d’intériorisation dans le sens d'acquisition, puisque l'individu mémorise des connaissances, suit des modèles, apprend des valeurs et interprète des symboles. La socialisation est l'ensemble des « manières de faire, de penser et de sentir » propres aux groupes et à la société à auxquels cet individu appartient.

     Le processus de socialisation permet à l'individu d'acquérir quatre points essentiels : la valeur (qui est un idéal propre à une société) ; les normes (qui sont des modèles et des règles de conduite auxquelles les individus doivent se conformer pour vivre en société) ; le rôle (qui est le comportement qu’un individu doit suivre en fonction de la position, du statut qu’il occupe dans la société) et finalement la parole.

     Langage et langue véhiculent également l'opposition inné/acquis. La linguistique définit le langage comme une « faculté inhérente et universelle de l'humain de construire des langues (des codes) pour communiquer ». Le langage est inné. Quant à la langue, elle est ce « système de communication conventionnel particulier ». La langue est acquise. La connaissance de la langue permet au langage d'être concrétisé par la parole, grâce à la production de voix. Quand la parole est sacrée, elle s'accompagne de cérémonie et devient rite, qui, à son tour, fait appel aux symboles afin de donner sens au non-sens.

          Depuis l'antiquité, les lieux consacrés à la paroles sacrée sont des lieux où cérémonies et rites sont présents, que ce soit les temples religieux ou les théâtres grecs célébrant les fêtes en l'honneur de Dionysos, les cathédrales ou les églises catholiques et orthodoxes, les mosquées ou les zaouïas où les musulmans prient et apprennent le Saint Coran. Et c'est autour de ces lieux sacrés, fondés au centre de la cité, que le rassemblement social s'effectue.

     

    Dans les prochains cours : la parole, le sacré, le mythe, la culture.

     





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