• Le Moyen-Age :

     

    1- Qu’entend-on par Moyen-Âge ?

    2- La littérature d’inspiration religieuse :

         a- Les œuvres narratives d’inspiration religieuse :

              - La vie des saints dès le IXe siècle.

              - Les exemplas et les contes pieux au XIIIe siècle.

              - Les miracles narratifs.

         b- Les œuvres dramatiques d’inspiration religieuse :

              - Origine liturgiques au IXe siècle.

              - Les miracles dramatiques.

              - L’évolution du théâtre religieux au XVe siècle.

         c- Les œuvres didactiques et morales d’inspiration religieuse :

              - Les sermons en prose dès le XIIe siècle.

              - Les sermons en vers et les poèmes au XIIe siècle.

    3- La littérature d’inspiration épique, historique et politique :

         a- L’esprit féodal et l’épopée :

              - La chevalerie et les croisades : les chansons de geste.

              - Les trois cycles.

              - La chanson de Roland.

         b- De l’épopée à l’histoire : La chronique et l’Histoire :

              - Les origines de l’histoire.

              - Les chroniqueurs du XIIe et XIIIe siècle : témoins du Moyen-Âge.

    4- La littérature d’inspiration courtoise :

         a- Le roman courtois :

              - Les romans de la Table ronde.

              - Les romans d'aventures.

              - Les romans antiques.

              - Du roman à la poésie.

         b- La poésie courtoise :

              - La poésie Lyrique.

              - Les genres de la poésie médiévale.

         c- L'amour courtois.

     

    Selon Henri-Irénée Marrou, dans De la connaissance historique, « l'histoire est la connaissance du passé humain » - définition que complète le Petit Robert - elle est « connaissance et récit des événements du passé, des faits relatifs à l’évolution de l’humanité (d’un groupe social, d’une activité humaine), qui sont dignes ou jugés dignes de mémoire ; les événements, les faits ainsi relatés ». D’après le CNRTL, l’Histoire se divise en quatre périodes principales :

    1- L’Histoire ancienne : Histoire s’étalant de la nuit des temps jusqu’à la chute de l'Empire romain en 476.

    2- L’Histoire du Moyen Âge : Histoire qui commence en 476 et dont on fixe généralement le terme à la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, ou à la découverte de l'Amérique en 1492.

    3- L’Histoire moderne : Histoire couvrant la période de 1453 à 1789, date de la révolution Française.

    4- L’Histoire contemporaine : Histoire qui commence en 1789 et s'étend jusqu'à nos jours.

     

    1- Qu’entend-on par Moyen-âge ? (Cours proposé par Madame Guettafi)

    Historiquement, c’est le nom que la tradition donne aux onze siècles d’histoire, compris entre la dislocation du Monde Romain en l’an 476 date de son effondrement, et la formation d’un Monde Nouveau selon l’esprit de la Renaissance ou début du XVI S. 

    Suivant le seul point de vue littéraire, le même nom de « Moyen-âge » est donné à la période de six siècles comprise entre l’avènement de Hugues Capet, élu roi de France en 987, et celui de François I en 1515, bien que d’aucuns affirment qu’en littérature, le Moyen-âge est la période qui va du Serment de Strasbourg (842) au début du XVI S. C’est qu’en effet, ces onze siècles et surtout les six derniers constituent un véritable cycle historique. Mais ce n’est qu’à partir du XI S que l’Europe commença de s’épanouir ; notamment la France. A partir de ce même siècle, la langue Française est utilisée pour la rédaction d’œuvres importantes et conquiert « la noblesse littéraire » qui lui permet de rivaliser avec la langue latine et bientôt de la supplanter. 

    Car en parallèle d’une architecture et d’une sculpture dont les monuments s’imposent à l’admiration, nous voyons naître « une poésie épique, une poésie lyrique, satirique, un théâtre religieux, un théâtre comique, enfin une prose narrative où se manifestent, sous des formes infiniment variées et savantes, toutes les richesses du génie de cette époque ». Il convient donc, afin d’éviter un long développement typiquement historique, d’effectuer un survol des principaux genres littéraires ou mouvements tout en insistant sur leur cadre sociolinguistique appuyé d’une illustration appréciable. 

    La littérature, au Moyen-âge, est d’une incontestable abondance cependant qu’elle est indubitablement liée aux circonstances qui la virent naître. C'est-à-dire qu’elle a su répondre avec une finesse et délicatesse aux exigences de son temps ; épousant étroitement l’esprit qui caractérise chaque période. Pour des considérations pratiques, il convient de répartir la littérature de cette tranche de l’histoire, en littérature religieuse et littérature « profane », comme l’on pourrait aussi bien évoquer une littérature populaire et une littérature d’élite ; ceci est un choix arbitraire et délibéré. Néanmoins, avant d’aborder de véritables textes littéraires, il est de juste de signaler sinon simplement de citer, les premiers textes écrits en Français, langue encore rude et informe : 

    Le Serment de Strasbourg (842).

    La cantilène ou séquence de Sainte-Eulalie (881). 

    Ces textes, qui sont les premiers monuments de la langue Française, ont un intérêt documentaire plutôt que littéraire. Toutefois, ils ont le mérite de nous montrer ce qu’était au IX et X S la langue qui allait peu à peu devenir le Français. 

    Le Serment de Strasbourg n’est qu’un texte de quelques lignes, dont la valeur n’est d’ailleurs, à ce titre, que symbolique. Le 14 Février 842, un traité d’alliance est échangé contre leur Lothaire, par les deux rois - Charles le Chauve et Louis le Germanique - et leurs fidèles.

    S-Stras

    La Séquence de Sainte-Eulalie est un document ancien qui prouve l’importance des « Vies de saints » à l’origine de la littérature Française.

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    La littérature religieuse est la première à voir le jour. Avant le XI S ; l’activité littéraire est l’apanage des seuls milieux ecclésiastiques (abbayes, sièges épiscopaux et écoles). Il est naturel que, dans ces conditions, l’Eglise se charge de donner l’instruction. Ce n’est pas seulement parce que le clergé est presque seul alors à être instruit ; c’est surtout parce que l’individu de cette époque, doit recevoir un enseignement où rien ne vienne contredire ou mettre en doute les dogmes. C’est ainsi que les premières œuvres, toutes imprégnées de la pensée et de la poésie du christianisme, paraissent d’abord rédigées en latin ; après l’an mille, elles le seront en langue romane rustique.

    A ce propos, il faut signaler que jusqu’alors le latin est la langue de l’Eglise et des milieux savants qui ont vu la rédaction de nombreux ouvrages tant religieux que scientifiques ; nous y trouvons traités de théologie et sermons au côté d’une littérature latine du moyen-âge fort importante. D’ailleurs, nous avons tendance à oublier cet aspect des choses, sinon à l’ignorer volontairement : l’existence d’une littérature latine ayant précédé la littérature Française et l’ayant longuement préparée. Rappelons-le, c’est dès la fin du XI S que les œuvres littéraires en « langue vulgaire », c'est-à-dire écrites dans la langue parlée couramment entre les habitants, font leur apparition. La France est alors partagée en deux grandes régions linguistiques comprenant nombre de dialecte de l’Ile-de-France ou Français, plus justement francien, l’emporta sur tous les autres. C’est dans cette langue que furent, par la suite, écrites la majorité des œuvres (qui illustreront notre cours) tant en versification qu’en prose. 

    Toutefois, les premiers genres littéraires sont purement et proprement religieux puisqu’il s’agit de traductions et d’adaptations, en prose ou en vers, l’ancien et du nouveau testament et des Evangiles apocryphes, d’une part et de la vie de saints, d’autre part ; ceci en vue de l’édification du peuple fidèle par les clercs. 


  • Vidéos-support pour le cours du Moyen Âge :

     

     

     

     

     


  • 2- La littérature d’inspiration religieuse :

    La culture médiévale est essentiellement religieuse. Elle est la première à voir le jour avant le XIe siècle, l’activité littéraire est l’apanage des seuls milieux (l’Eglise), il est naturel que, dans ces conditions, l’église se charge de donner l’instruction. C’est ainsi que les premières œuvres, toutes imprégnées de la pensée, de la parole et de la poésie du christianisme, paraissent rédigées en latin. Après le Xe siècle, elles le seront en langue romane « rustique ».

    Nous y trouvons des traités de Théologie et des sermons aux côtés d’une littérature latine du Moyen-Âge fort importante. Rappelant le c’est dès la fin du XIe siècle que les œuvres littéraires en langue vulgaire, c'est-à-dire écrite dans la langue parlée couramment entre les habitants, font leur apparition. La France est alors divisée en deux grandes régions linguistiques comprenant un nombre de dialectes de l’Ile de France où on parlait le Français, ou plus justement le francien, qui l’emportât par la suite sur les autres, car c’est dans cette langue que furent par la suite écrites la majorité des œuvres. Les premiers genres littéraires sont purement et proprement religieux (récit, théâtre, contes pieux), puisqu’il s’agit de traduction et d’adaptation en prose ou en vers de l’ancien et du nouveau testament et des évangiles.

    a- Œuvres narratives d’inspiration religieuse :

    - La vie des saints (récits héliographiques) :

    Dès le IXe siècle, les vies des saints, rédigées en latin, constituent une littérature très abondante, elles recommandaient cependant d’utiliser le roman, c'est-à-dire la langue vulgaire, dans l’écriture des sermons en 813, ce qui favorise la rédaction des premiers récits de vie des saints, servant à l’édification du peuple. La Cantilène de Saint Eulalie écrite vers 880 est l’œuvre littéraire en langue romane la plus ancienne.

    Au Xe siècle la vie du saint Léger est encore très fortement inspirée de son modèle latin, mais au milieu du XIe siècle, la vie de saint Alexis pouvait être considérée comme une véritable création littéraire. Le succès des vies de saints ne cesse de croitre tout au long du moyen âge avec la vie de saint Foy et la vie de saint Boèce. Au milieu du XIe siècle, les vies de saints se multiplient, des recueils se constituent et l’héliographie devient un mode d’écriture caractéristique de l’époque.

    - Les exemplas et les contes pieux au XIIIe Siècle :

    Les exemplas sont des récits insérés dans les sermons à des fins didactiques : ils ont été parfois regroupés dans des recueils qui eurent un grand succès comme en témoignent les manuscrits qui les ont conservés. Jacques de Vitry en utilisa beaucoup au début du XIIIe siècle dont les sermons vulgaires. Nicol Bozon composa des contes moralisés, l’avantage de l’exemplum correspond chez l’homme du Moyen-Âge à une volonté d’illustrer tout enseignement au lieu de chercher à transmettre une morale abstraite. L’auteur préférait raconter une histoire édifiante de cette façon car l’auteur retient mieux la leçon, les exemplas sont souvent des récits inspirés de la vie des pères, « la première version est apparue vers 1230 puis s’est enrichie vers 1250 », devenant des contes dogmatiques traduits du latin du IVe siècle.

    Malgré leur style parfois lourd d’inspiration, ils ont été la source de quantité de contes pieux isolés tel que « Le chevalier au Barizel » : le conte le plus célèbre au XIIIe siècle et qui illustre le motif de la quête.

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    - Les miracles narratifs :

    Le miracle narratif s’inspire principalement de la dévotion à la vierge Marie. A ce titre, il s’inscrit dans une conception religieuse tout à fait caractéristique du Moyen Âge : promettre de servir Dieu ou la vierge est un acte qui, dans l’esprit de l’homme médiéval, engage obligatoirement une contrepartie divine. Le miracle rend compte de cette réciprocité, c'est-à-dire des interventions salvatrices de marie. Il faut savoir que le culte marial occupait au XIIIe siècle une place très importante dans le sentiment religieux. Saint Bernard de Clairvaux en avait été l’instigateur (1090-1153), il affirmait que la prière unissait à Dieu.

    Dans ses nombreux ouvrages, la vierge marie était représentée comme la « médiatrice », celle qui intervient auprès de Dieu en faveur de l’homme. La structure générale du miracle est la suivante : Marie intervient pour sauver un criminel qui lui a toujours témoigné sa dévotion ou qui se repend après son forfait. Le ressort du miracle est donc de montrer au public que la vierge est fidèle envers ceux qui l’honorent, mais aussi accessible au repentir même tardif.      

    Gautier De Coincy (1177-1236), conteur habile et savant versificateur, clerc du début du XIIIe siècle, nous a laissé quelques discours et poèmes pieux, ainsi que deux recueils comprenant les Miracles de notre Dame et commençant par sept chansons composées en l’honneur de la vierge. Ces chansons auront une influence décisive sur la poésie mariale du XIIIe siècle. Les œuvres de cet auteur ont inspiré des poètes talentueux tel Rutebeuf dans Le miracle de Théophile qui date probablement de 1261. Le miracle de Saint Théophile raconte la révolte de Théophile, injustement privé de sa charge par son Evêque. Théophile se lamente mais Dieu ne l’écoute pas, l’amertume le pousse à la révolte « Dieu m’a fait du mal, je lui en ferai » : il vend son âme au diable par l’intermédiaire du magicien Salatin, et retrouve rapidement richesse et prospérité. Il devint méchant, quand brusquement, il est pris de remords, il se tourne vers la vierge qui le délivre de l’emprise de Satan, en accomplissant le miracle.

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  • B- Les œuvres dramatiques d’inspiration religieuses :

    - Origine liturgique :

    Au IXe siècle, on rencontre pour la première fois de courts chants explicatifs appelés « tropes » utilisés dans les textes religieux. Parfois ces chants sont formés de questions et de réponses illustrant l’évangile : ils constituent un embryon de dialogue dramatique, ainsi, le théâtre prend naissance à l’intérieur de l’église. Dès le début du Xe siècle, des scènes mimées sont chantées en Latin à l’occasion des fêtes de Noël ou de Pâque : ce sont les premiers drames liturgiques qui permettent aux fidèles de mieux saisir la portée de la leçon enseignée. Composés par des religieux, ces drames sont d’abord écrits en Latin, puis en « latin farci » qui sert de passage en langue vulgaire, tel le cas du « drame de l’époux » (vers 1100). A partir de 1120, ces premières œuvres dramatiques appelées « jeux » se multiplient, elles se produisent sur le parvis des églises.

    Lors des fêtes religieuses, on célèbre un Saint, par exemple, le jeu de Saint Nicolas, qui met en scène plusieurs épisodes de la vie du Saint : il s’agit d’une transposition dramatique d’un récit hagiographique. Le chef d’œuvre « du genre » est assurément le jeu d’Adam, drame liturgique datant du milieu du XIIe siècle et composé en langue vulgaire (un dialogue qui met en scène la chute d’Adam et d’Eve, puis le meurtre d’Abel par Caïn), illustrant ainsi un passage de la genèse. C’est à partir de ce jeu que les dialogues sont parlés et non plus chantés : il s’agit véritablement d’une forme de théâtre et l’auteur donne des indications scéniques.

    - Les miracles dramatiques :

    A la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, les confréries d’acteurs amateurs se multiplient. Se développe à l’époque le genre du miracle qui décrit l’intervention d’un Saint dans la vie de ses fidèles. Le miracle a pour but de montrer que le Saint (souvent Marie la vierge) est fidèle à ceux qui lui sont dévoués. Le drame de « la Résurrection » est un exemple d’œuvre fort intéressante par les renseignements qu’elle fournit sur la mise en scène même si elle est incomplète. La forme de la représentation change : le décor juxtapose plusieurs lieux, ses dimensions obligent à sortir de l’église et jouer sur le parvis.

    Deux auteurs témoignent du vif goût de l’époque pour les œuvres dramatiques d’inspiration religieuse : il s’agit de Jean Bodel (un jongleur et auteur dramatique qui a laissé une œuvre très variée). Le jeu de Saint Nicolas, mais il devint plus tard un auteur épique avec la chanson des Saisnes qui raconte la guerre menée par Charlemagne contre le roi Saxon. Cet auteur a su manier le ton épique, le registre comique (avec les fabliaux : courts récits où le réalisme le dispute à la force comique), et développer le lyrisme le plus émouvant avec « ses Congés » (1ère œuvre de ce genre) où les prières alternent avec les regrets. 

    L’auteur fait d’émouvants adieux à ses amis et au monde en 1202 lorsqu’il apprit qu’il était atteint de la lèpre. Rutebeuf, surnom pour : « Rude bœuf » né en 1230 et mort en 1285, jongleur, c'est-à-dire homme de spectacle, mais aussi auteur de textes variés. Il a écrit de nombreux « dits » (petites pièces sur un sujet familier ou d’actualité) qui le rendirent célèbre car c’est un poète attentif à la condition humaine, il défend les causes justes. C’est l’auteur d’un monologue dramatique « Dit de l’Herberie », œuvre plaisante où le jongleur énumère les bienfaits imaginaires d’une herbe extraordinaire.

     

    Enfin, on lui doit quelques fabliaux comme Frère Denise (une jeune fille se déguise en religieux pour retrouver son ami dans un monastère).

     

    Texte denise

     

    - Evolution du théâtre religieux au XVe siècle : les mystères 

    Parmi les spectacles religieux, « le mystère » connaît un grand succès au XVe siècle. Le terme « mystère » a une origine latine « ministerium » signifiant « organisation » et plus tard « représentation ». Alors que les drames liturgiques, véritables prolongements du culte, présentaient la nativité du Christ (office de Noël) et la Résurrection (office de Pâque), c'est-à-dire les extrémités de la vie du Christ, le mystère, lui, a pour sujet la passion du Christ. Les auteurs remontent souvent à la naissance du Christ et au péché originel pour expliquer le sens de la passion. C’est cette histoire que le mystère retrace. Les plus anciens mystères sont : la passion du Palatinus (XIVe siècle), la passion de Semur, la passion d’Autun, la passion d’Arras. 

    Le chef d’œuvre du genre est le mystère de la passion (ou passion de Paris) du poète et musicien Arnoul Gréban, mystère qui fut joué à Paris en 1452 par 200 acteurs. Les mystères sont joués sur les parvis des églises par des jongleurs, souvent des amateurs, citoyens de la ville, participaient à la représentation. Les scènes frappaient l’esprit des spectateurs et faisaient naître une intense émotion. La pièce, elle-même, tient compte de cette dimension sociale, elle célèbre les valeurs communautaires (solidarité, loyauté…).

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  • C- Les œuvres didactiques et morales d’inspiration religieuse :

    - Les sermons en prose dès le XIIe siècle :

    Les sermons ne furent guère rédigés en roman avant le XIIe siècle. Maurice de Sully, évêque de Paris de 1160 à 1196, est l’auteur de plusieurs sermons (en France, on retrouve une version latine de ces textes et une autre française dont il existe une quarantaine de copies). C’est cet auteur qui, en 1163, entreprit la construction de Notre Dame de Paris (construction qui devait durer jusqu’en 1260).

    Un autre sermon qui fut adapté de l’œuvre de Saint Augustin, datant du XIIe siècle, un commentaire sur le Psautier, dans lequel saint Augustin développe une philosophie qui se présente comme une transposition chrétienne de l’idéal platonicien, pour lui seule compte la vie intérieure et l’âme ne peut être sauvée que par la grâce. Ses pensées et sa rigueur ont beaucoup marqué la pensée médiévale.

    Vers le XIIIe siècle, les sermons sont toujours écrits en latin, le plus souvent traduits d’origine non latine. Vers 1260, le juriste Philippe Novare compose un traité de morale. La prédication se répand, surtout sous l’influence des frères mendiants, essentiellement les frères prêcheurs, c'est-à-dire les dominicains. A la fin du XIVe siècle et au XVe siècle, le grand prélat Jean Gerson (1363- 1428) pratique l’art de la prédication en latin, et il mène ce type de littérature à son apogée. En langue romane, la prédication est restée essentiellement orale durant tout le moyen Âge.   

    - Les sermons en vers et les poèmes au XIIe Siècle :

    L’homélie ou le sermon de Jonas (fin du Xe siècle) est l’un des plus anciens textes littéraires, il s’agit d’un commentaire (essentiellement en latin) du poème biblique de Jonas. Mais le mot « sermon » a servi à désigner toutes sortes de poèmes édifiants, exemples, traités et discours moraux. En fait, toute cette production a pour but d’exhorter le chrétien à faire le bien ; seuls procédés, plus ou moins littéraire variant d’une œuvre à une autre. Les vers de la mort, est un poème du moine Hélinand de Froidmont vers 1195, il apparait comme une œuvre exceptionnelle (le poète envoie la mort saluer ses amis d’autrefois afin qu’elle les épouvante pour qu’ils prennent conscience des vanités de ce siècle et qu’ils adoptent une vie simple et pieuse). Une série d’évocation surprend aujourd’hui encore par son lyrisme, la rigueur de son style et la richesse de son imagination.

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    A la fin du XIIe siècle, le livre des manières d’Etienne de Fougères (évêque de Rennes) inaugure un genre nouveau : les « états du monde ». Ce genre « les divers catégories » ou « estats » de la société, est un véritable réquisitoire lancé contre les vices du siècle. Dans cet ouvrage, ce constat est orienté vers la chevalerie en lui rappelant sa mission d’être : le bras de l’Eglise et de défendre l’opprimé. On peut parler d’une véritable « littérature des états du monde » tant ces textes se multiplient.

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    Le motif de la quête a servi de support littéraire à un grand nombre de poèmes édifiants. Ainsi Barthélémy, appelé le « reclus de Molliens » (reclus, c'est-à-dire « ermite » à Molliens en Picardie), parcourt le monde à la recherche de la charité. Dans son roman « Carité », l’auteur fouille partout, mais « Charité » demeure introuvable, même à la cour de Rome. Il dénonce l’omniscience du mal dans un beau poème, le Miserere au milieu du XIIIe siècle.

    Le voyage est un procédé souvent utilisé par les auteurs. Le premier est le voyage ou la navigation de Saint Brendan (début du XIIe siècle). Cette œuvre attribuée à un certain Benedict raconte le voyage au Paradis et en Enfer de Saint Brendan, elle est inspirée d’un récit latin en prose et tient à la fois du roman, de la vie des saints et du poème édifiant. Dans son songe d’Enfer (vers 1210), Raoul Houdenc ajoute le procédé du « Songe » au thème du voyage. Il s’agit cette fois encore d’une visite aux Enfers. La fiction du songe lui permet de donner une portée satirique à son œuvre, et de mieux en faire percevoir la « senefiance », c'est-à-dire le sens profond.      

     





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