• Le terme « littérature »

    Terme littératureLe terme « littérature » n'a pas toujours eu la même signification que l'on lui (re)connaît aujourd'hui :

    1°) Au XVIe siècle, « littérature » voulait dire « culture », culture du lettré, celui quia des lettres, de la culture, du savoir : érudition ; c'est la connaissance des lettres mais aussi des sciences ; c'est une somme de lectures. Ainsi, disait-on à l'époque, « avoir de la littérature » : c'est posséder un savoir.

    2°) Au XVIIIe siècle, « littérature » désignait la condition de l'écrivain, soit :
    a) le monde des lettres ;
    b) la carrière des lettres ;
    c) l'industrie des lettres.
    C'est un devenir : le devenir-artiste de l'écrivain.

    3°) À partir du XIXe siècle, « littérature » devient plus ou moins synonyme de « belles-lettres » (les lettres et les humanités [étude de la langue et de la littérature grecques et latines] par rapport aux sciences qui s'autonomisent) :
    a) c'est l'art de l'expression intellectuelle (éloquence, poésie) ;
    b) c'est l'art d'écrire des œuvres qui durent ;
    c) c'est l'art d'écrire par rapport aux autres arts ;
    d) c'est l'art d'écrire par rapport aux autres techniques d'écriture (théologie, philosophie, science, etc.).

    D'une part, c'est une activité (une existence technique) ; d'autre part, c'est un être (une essence esthétique) plutôt qu'un état (la condition ou la qualité de l'homme de lettres en sa culture et en son érudition). [Cet être met en intime relation toute œuvre littéraire et celui qui ce trouve dans sa solitude, car « celui qui vit dans la dépendance de l’œuvre, soit pour l’écrire, soit pour la lire, appartient à la solitude de ce qui n’exprime que le mot être : mot que le langage abrite en le dissimulant ou fait apparaître en disparaissant dans le vide silencieux de l’œuvre » (Maurice Blanchot, L’espace littéraire, p.11)]

    [Faire de la littérature c’est donc « Écrire », et « écrire, c’est entrer dans l’affirmation de la solitude où menace la fascination. C’est se livrer au risque de l’absence de temps, où règne le recommencement éternel. C’est passer de Je au Il, de sorte que ce qui m’arrive n’arrive à personne, est anonyme par le fait que cela me concerne, se répète dans un éparpillement infini. Écrire, c’est disposer le langage sous la fascination et, par lui, en lui, demeurer en contact avec le milieu absolu {idéal}, là où la chose redevient image, où l’image, d’allusion à une figure, devient allusion à ce qui est sans figure et, de forme dessinée sur l’absence, devient l’informe présence de cette absence, l’ouverture opaque et vide sur ce qui est quand il n’y a plus de monde, quand il n’y a pas encore de monde » (Maurice Blanchot, L’espace littéraire, p.27).]

    La littérature se trouve alors réduite à l'écriture, voire à l'écriture de fiction (depuis la Révolution française) et, de plus en plus, à la fiction romanesque.

    4°) Au XXe siècle, Escarpit considère que la littérature est l'ensemble de la production littéraire incluant les faits littéraires : c'est donc un objet d'étude, un corpus d'œuvres consacrées, c'est-à-dire enseignées par les intellectuels, professeurs ou autres (selon Barthes).

    Robert Escarpit dans Le littéraire et le social, p. 259-272 et dans Littérature et genres littéraires, p. 7-15.


    Tags Tags : , , , ,