•  SOCIÉTÉ ET PAROLE :

     

     « L’homme ne naît pas social, il le devient »

     

    socPresque tous les comportements de l'Homme sont façonnés par l’environnement social, même ceux qui répondent aux besoins physiologiques quotidiens. Nous savons tous que la société est un ensemble d'individus, et l'identité de chacun d'eux est déterminée par ses relations avec les autres. Cependant, l'homme n'est pas uniquement le résultat de la société, il l'est aussi de la nature. L'opposition entre nature et culture s'est transformée avec le temps et est devenue une opposition entre inné et acquis, cela a toujours suscité l'intérêt des philosophes ; Platon qualifiait l'homme comme « un animal social », Manent le voyait plutôt comme « un être de culture ».

     Ce qui est inné se définit par « l’ensemble des dispositions que l’homme possède à la naissance et qu’il n’a pas appris par la culture ». Quant à ce qui est acquis, c'est plutôt « tout ce que la société transmet à l’individu au cours de son existence », autrement dit « les transformations intervenues après la naissance, les apprentissages par l'éducation et tout ce qui est de l'ordre de la culture ». 

     Il est vrai qu'une partie des comportements humains est innée, comme la faim et le sommeil, ce sont tous les deux des besoins biologiques et naturels. Mais la majeure partie de nos manières d'agir et de penser est le résultat d'un apprentissage social qui s'effectue tout au long de la vie de l'individu. Denys Cuche avançait même que « Rien ne serait purement naturel chez l'homme » ; tout comportement inné serait donc influencé par la culture, et cette influence varie selon les sociétés. L'homme est donc une créature en perpétuelle socialisation.

     La socialisation est un apprentissage des comportements, des valeurs et des normes sociales. Elle est un processus d’intériorisation dans le sens d'acquisition, puisque l'individu mémorise des connaissances, suit des modèles, apprend des valeurs et interprète des symboles. La socialisation est l'ensemble des « manières de faire, de penser et de sentir » propres aux groupes et à la société à auxquels cet individu appartient.

     Le processus de socialisation permet à l'individu d'acquérir quatre points essentiels : la valeur (qui est un idéal propre à une société) ; les normes (qui sont des modèles et des règles de conduite auxquelles les individus doivent se conformer pour vivre en société) ; le rôle (qui est le comportement qu’un individu doit suivre en fonction de la position, du statut qu’il occupe dans la société) et finalement la parole.

     Langage et langue véhiculent également l'opposition inné/acquis. La linguistique définit le langage comme une « faculté inhérente et universelle de l'humain de construire des langues (des codes) pour communiquer ». Le langage est inné. Quant à la langue, elle est ce « système de communication conventionnel particulier ». La langue est acquise. La connaissance de la langue permet au langage d'être concrétisé par la parole, grâce à la production de voix. Quand la parole est sacrée, elle s'accompagne de cérémonie et devient rite, qui, à son tour, fait appel aux symboles afin de donner sens au non-sens.

          Depuis l'antiquité, les lieux consacrés à la paroles sacrée sont des lieux où cérémonies et rites sont présents, que ce soit les temples religieux ou les théâtres grecs célébrant les fêtes en l'honneur de Dionysos, les cathédrales ou les églises catholiques et orthodoxes, les mosquées ou les zaouïas où les musulmans prient et apprennent le Saint Coran. Et c'est autour de ces lieux sacrés, fondés au centre de la cité, que le rassemblement social s'effectue.

     

    Dans les prochains cours : la parole, le sacré, le mythe, la culture.

     






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