• L’onomastique :

    L’onomastique, du grec « onoma » qui signifie nom, est la science de l’étymologie des noms propres. Elle vise, non seulement, à tirer tous les renseignements possibles des noms propres, mais aussi des noms de lieux (toponymie), ou de personnes (anthroponymie).

    Le nom, comme le définie Roland Barthes, est « un instrument d’échange : il permet de substituer une unité nominale à une collection de traits en posant un rapport d’équivalence entre le signe et la somme »1 .

    Le coran relate que lorsque Dieu voulut charger Adam d’être Son représentant (khalîfa) sur terre, Il lui enseigna le nom de toutes Ses créatures : « Et Il apprit à Adam tous les noms (de toutes choses), puis Il les présenta aux Anges et dit : "Informez-Moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques !" (dans votre prétention que vous êtes plus méritants qu'Adam) »2 . Et, du fait de cette connaissance ainsi conférée à l’Homme, Dieu prouva aux anges la suprématie de celui-ci sur eux. Ainsi la connaissance de la nature exacte des être passe-t-elle par celle de leur véritable nom (ism)3.

    Les grammairiens arabes proposent deux racines possibles au terme ism (nom) :

    La première est la racine SMW, qui signifie être haut, s’élever. Selon cette racine, le nom est considéré sous son aspect principal, « céleste ». Il désignerait alors la réalité essentielle du nommé.

    La seconde est la racine WSM, qui signifie mettre une marque ou un signe sur quelque chose, définir, avoir un beau visage. C’est l’aspect formel du nom qui serait ici envisagé, et qui définirait alors la réalité manifestée du nommé.

    « Ces deux étymologies complémentaires mettent en lumière la double dimension de l’être : la première qui relève de l’essence, la seconde de l’apparence. Le terme ism dépasse donc de beaucoup le cadre de la simple appellation »4.

    « Le prophète montra en maintes occasions l’importance qu’il accordait à la signification des noms, qu’il s’agisse de noms de personnes, de peuples ou de lieux (pays, villes, montagnes, vallées, etc.). Il leur reconnaissait d’exercer sur le nommé une influence subtile, positive ou négative selon leur sens. Ainsi, abordant un jour un passage entre deux montagnes, il s’enquit du nom de ces lieux. Leur appellation de mauvais augure lui déplut et il changea de route »5. 

    Le cheikh Ahmed al-‘Alawi propose une explication simple et frappante à l’influence qu’exerce le nom sur le nommé :

    « Chaque nom possède une influence qui s’attache à l’âme de celui qui le prononce […] Si, par exemple, un homme répète plusieurs fois le mot « mort », il ressentira en son âme une impression due à la mention de ce nom, surtout s’il persiste en celle-ci, et il n’est pas douteux que cette impression sera différente de celle que l’on éprouve en prononçant les mots « richesse », « gloire » ou « pouvoir » […] Tout homme normalement sensible sera conscient de l’influence que peut avoir sur son âme le nom qu’il prononce. Or, si nous admettons cela, nous sommes obligés de croire que le nom de Dieu a aussi une influence sur l’âme comme les autres noms, chacun laissant l’empreinte particulière qui lui correspond »6.

    L’onomastique se divise donc en deux arborescences : l’anthroponymie (la science de l’étymologie du nom propre de l’homme) et la toponymie (la science de l’étymologie du nom propre des lieux).

     

    BARTHES, Roland, S/Z, Op. cit. p101.
    Le Saint Coran (traduction en français), sourate 2 : La vache (Al-Baqarah), verset 31.
    GEOFFROY, Younès et Néfissa, Le livre des prénoms arabes, Beyrouth-Liban, Edition Al-Bouraq, 2000, p. 17.
    Ibid. p. 17.
    Ibid. p. 23.
    Ibid. p. 24.






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